Ce tweet du directeur de l’exploitation du réseau autoroutier Sanef me fait partiuclièrement réagir
Waze semble mener une action de fond pour s’accaparer une grand quantité de données routières, dont la présence d’agents sur le bord de l’autoroute, voire la position de casernes de pompiers et d’incidents comme le montre cette initiative du SDIS du Gard:
Il semble que Waze obtienne l’exclusivité de ces sources, qui ne sont pas diffusées en opendata par ailleurs. Lorsqu’il est fait la demande de les obtenir, les données ne sont “pas encore disponibles” alors que Waze les affiche bien.
J’ai mis les pieds dans le plat lors de la réunion des services géomatiques des SDIS, l’automne dernier à Dunkerque.
Le problème c’est que trop d’acteurs publics sont démunis, manquent de souplesse et d’agilité, manquent aussi malheureusement bien souvent de compétences internes.
Du coup les partenariats “gratuits” sont vus comme des progrès à court terme, mais posent de graves questions sur la capacité à faire et à être autonome à long terme.
Sur ce sujet, du moins pour les données publiques et assimilées et à ma connaissance (outillant quelques coll terr pour mise à dispo de données de waze et vice versa), aucune exclu n’est demandée par Waze. E.g. le cas que je connais le mieux à Metropole de Lille, cette dernière a décidé de mettre à dispo certaines de ses données voiries suite à demande de Waze (pour effectivement bénéficier de l’accès aux données temps réel de Waze), et de le faire en utilisant l’open data, sans aucun pb avec le programme proposé par Waze.
Du coup, suis assez d’accord avec Joël, le sujet ne me semble pas tant le type de partenariat proposé par Waze que le fait des producteurs de données qui ne souhaitent pas ouvrir à tous.
Un autre exemple illustrant cela, et surtout les différentes de pratiques d’un pays à l’autre dans ce type de contexte : dans plusieurs pays, Waze accède en open data (du moins via des web services ouverts) à la localisation en temps réel des camions poubelles, et donc intègre cela dans son calculateur tout comme peuvent le faire tous les autres acteurs. En France, ce type de choses est en train de se monter mais à l’identique de l’exemple Sanef cité ici; et cela n’est pas une demande de Waze mais des opérateurs urbains qui veulent garder la main sur qui pourrait utiliser ces data.
Loin de moi l’idée de faire un plaidoyer en faveur du modèle Waze, mais je crois juste que cet exemple n’illustre pas quelque stratégie de Waze mais plutôt celle des producteurs de données.
Ce que propose Christian me parait donc la bonne marche à suivre.
hello Christian, je ne connais pas bien le sujet SDIS en particulier, mais tu parles de services “démunis”. Dès lors qu’ils arrivent à mettre à dispo les données auprès de Waze, pourquoi n’arriveraient ils pas à les publier en open data ?
Démunis non pas pour fournir les données qu’ils ont, mais pour imaginer avoir des données d’un tel niveau qu’on peut se passer de services comme Waze.
Dans un autre domaine, les défibrillateurs, les bases les plus complètes sont privées. Du coup les SAMU, SDIS ou l’AP-HP se retrouvent obligés de contractualiser avec un acteur quasi unique car ils n’ont jamais fait le nécessaire pour être autonomes (moyens humains, financiers et surtout… collaboration entre les acteurs publics).
Quand on fait l’impasse dans certains domaines, on se retrouve malheureusement coincé un peu plus tard.
c’est bien ce que je voulais dire @cquest, dans mon esprit une demande CADA c’est une demande au producteur puis éventuellement une saisine CADA… bref une DODO
Le cas du publicateur qui voudrais garder le contrôle de la diffusion m’avait échappé et est effectivement une possibilité.
En fait, je n’ai pas directement l’usage des données qui sont présentées, je trouve ces pratiques déviantes.
Ainsi faire une demande de communication juste pour la forme me semble disproportionné et chronophage
Il faudrait faire de la pédagogie à grande échelle pour faire comprendre les réels enjeux de ne s’ouvrir qu’à quelques acteurs.
Un échange avec le DSI du département du Gard (différent du SDIS) avait montré qu’ils considéraient Waze comme un média pratique et de court terme, ce qui conforte ce que dit @cquest
En principe le “contrôle” de diffusion n’est pas légal.
Soit la donnée est communicable et elle l’est à tous, soit elle ne l’est pas.
Je simplifie un peu bien sûr, mais pour ce dont on parle on est dans ces cas là, très binaires.
L’exemple de Waze n’est pas isolé ni anodin. Il renvoi à une tendance de fond, celle de la surtraitance des géants du Web que l’on retrouve de plus en plus dans le domaine des données territoriales. Cette nouvelle chaine de valeur où quelques géants du Web imposent leurs écosystèmes sociotechniques impacte largement les pouvoirs publics qui n’ont pas le choix que de traiter avec ces nouveaux opérateurs.
En France cela se limite encore au “troc” de données, mais aux Etats-Unis par exemple le projet Flow dont l’objectif est de fluidifier la circulation dans plusieurs villes américaines associe le département des transports américain et Google. Plus près de chez nous, La ville de Londres commence à collaborer avec Uber dans sa politique de mobilité.
Il est clair que les géants du Web vont occuper une place grandissante dans les années à venir sur la question des données publiques (collecte, analyse, valorisation). Après comme il a été dit les acteurs publics ne voient encore bien souvent qu’a court terme car on manque de recul sur tout ça. Mais il y a une vraie question à se poser en terme de gouvernance des données publiques.
Clairement, l’idée de cet échange de données à la métropole de Lille, c’est que les data profitent à tout le monde. Et depuis que nous travaillons sur le sujet, nous avons découvert d’autres sources de données que nous souhaitons ouvrir (travaux dans les communes, fermetures des voies, géolocalisation des camions bennes, places PMR dans les parkings…).
A côté de cela, il faut par contre que les collectivités restent complètement indépendantes sur l’acquisitions de ce type de données (trafic). Les investissements en capteurs et caméras de circulation ne devraient pas cesser : il faut considérer les données de waze comme un “bonus”, et donc les archiver, en faire un tas de choses, mais éviter d’en être dépendants !