Open Data impact #1 : atelier "bilan de 8 ans d'open data" [compte-rendu]

Un des ateliers de la journée Open Data impact #1 a porté sur la question du bilan de l’open data. Nous en publions ici le compte-rendu. Commentaires bienvenus.

8 ans d’actions : des dizaines de collectivités, des communautés, des milliers de jeux de données, des centaines d’usages. Que nous apprennent ces 8 années qui intéresse l’impact de l’open data ? L’atelier, animé par Charles Nepote, a posé les premiers jalons pour construire un bilan qui nous instruise.

1. Partage-t-on la nécessité d’un bilan ? Premiers constats
Le groupe a tout d’abord débattu de la nécessité d’un bilan. Trop tôt ? trop tard ?
Nous avons ici posé quelques premiers constats.

  • Aujourd’hui on fait encore de la “philo” et il existe un hiatus important entre les contraintes et la vision philosophique / morale / politique de l’open data.
  • Les enjeux “internes” — l’open data de l’organisation pour elle-même —, semblent un peu circonscrits.
  • C’est quoi le ROI (retour sur investissement) de l’open data ? Y a-t-il des endroits où il est bien instruit comme, peut-être, chez les délégataires de services ?

2. Quelles sources et documentations pour un bilan ?
Articles, études, enquêtes, bilans locaux : de nombreuses sources existent mais sont mal connues, mal partagées et mal exploitées.
Les participants ont cité quelques sources éparses comme :

  • Le bilan de la Loire-Atlantique effectué par Deloitte
  • Le bilan d’Angers Métropole par le cabinet Kingston

Au-delà, nous avons collectivement décidé de produire une bibliographie collaborative analytique. Tout au long de l’année nous listerons collaborativement les travaux repérés qui peuvent intéresser la question de l’impact.

Exemple :

2014 (juin) : Département de Loire-Atlantique et cabinet Deloitte : Open Data 44. Evaluation de la démarche ; 64 pages ; https://www.loire-atlantique.fr/upload/docs/application/pdf/2014-07/deloitte-opendata44-rapport-vfinal.pdf
Commentaire : à travers deux enquêtes en ligne, externe et interne, le département s’interroge sur ce que l’open data a produit en interne et sur son territoire. Les impacts se lisent principalement sous l’angle d’une sensibilisation au sujet (territoire et interne) et une meilleure collaboration des équipes (interne). Quant à l’aspect économique, la conclusion est que “L’impact de l’open data sur le développement économique d’un territoire n’est aujourd’hui pas quantifiable”.

3. Quels enjeux pour ce bilan ?

  • Les participants ont été très diserts sur cet aspect. Nous reprenons ici les point soulevés.
  • Instruire les freins aux usages des acteurs privés ; “l’open data c’est la jungle !” indique un des participants
  • Instruire les freins à la production, qui pénalisent l’offre et réduisent les impacts.
  • Repérer l’open data bullshit ? Exemple : beaucoup d’applis ont été valorisées qui existaient déjà, produites par les producteurs de données.
  • Mesurer l’usage interne des données chez les organisations productrices.
  • Quel impact managérial de l’open data ?
  • Quels usages dans la recherche ? La recherche est-elle la grande inconnue de l’open data. La recherche ne réponds pas aux concours, ne publie pas d’application… Comment mesurer les usages des données ouvertes dans ce secteur ?
  • Y a-t-il des effets d’échelle ; la comparaison avec d’autres domaines serait utile, comme l’accès aux archives par le plus grand nombre, porté par la généalogie. ya a-t-il des “killer app” de l’open data ?
  • Quelles belles histoires de l’open data (notamment économiques, mais pas que) : inspections sanitaires ? cantines ?
  • Quels impacts environnementaux ? L’open data a-t-il réussi à instruire de grands sujets environnementaux ? des sujets sociétaux majeurs ?
  • Des “monographies” métier seraient utiles : l’open data et le journalisme, l’open data et l’enseignement, la recherche, etc.
  • Quels usages économiques sous le radar ?
  • L’open data a-t-il un impact sur la souveraineté de la donnée.

4. Premiers éléments de synthèse
Est-il possible de produire aujourd’hui quelques premiers éléments de synthèse ? Que diriez-vous à quelqu’un qui ne connaît rien au sujet si vous n’aviez que 2 à 3 minutes.

  1. L’usage interne est l’usage premier et principal de l’open data.
  2. L’open data améliore non seulement la collaboration interne mais aussi la coopération inter-collectivités
  3. Les impacts sont difficiles à mesurer et paraissent encore trop faibles. La faiblesse des impacts est notamment due à l’absence de cohérence, de maillage, de standardisation des données, empêchant les réutilisateurs de passer à l’échelle/développer des marchés, etc. : les données locales notamment sont très difficiles à utiliser.
  4. L’open data sert une communication politique positive, même si elle est modeste :
  • participation à la confiance
  • attractivité économique

Très intéressant ! Je suis particulièrement sensible à la remarque sur la recherche : les deux univers s’ignorent massivement - et c’est bien dommage.

En est-on certain ? Globalement je pense que oui mais il existe certainement de belles histoires qui ne sont pas documentées. Est-ce que tu aurais un ou des exemples sur la recherche en sciences politiques ? Est-ce qu’il y a un avant et un après l’open data dans certains domaines (les données électorales) ? Qui devrions nous interroger ? toi ? d’autres pistes ?

Alors pour préciser ma pensée : la recherche utilise (et produit) de nombreuses données ouvertes ! clairement pour ce qui me concerne en sociologie électorale l’arrivée des résultats électoraux et des données du recensement en open data m’a changé la vie. Mais ce que je voulais dire, c’est que le monde de la recherche interagit très peu avec celui de l’open data, n’en connaît guère le vocabulaire, les acteurs, etc., et qu’à l’inverse l’ouverture des données ne se fait quasiment jamais en ayant les chercheurs en tête comme réutilisateurs potentiels.
Peut-être que ça va changer avec l’obligation d’ouverture des données de la recherche et le travail de gens comme @dacos :wink:

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Bonjour à tous,
J’ai cherché le rapport de la ville d’Angers et je ne l’ai pas trouvé. Si vous avez le lien, je suis preneuse.

@antoine tu pourrais nous le partager ?

Je vais me renseigner… car je découvre là son existence

@CharlesNepote @Armelle @samgoeta
Pourriez-vous me donner quelques pistes sur ce rapport ? Dans quel contexte a-t-il été évoqué ? Connaissez-vous un site web ou une page de contact dudit cabinet Kingston ?

Toutefois, à ma connaissance, un rapport a été conduit fin 2017 par le cabinet YTES pour le compte d’un acteur privé avec le soutien de la Caisse des Dépôts concernant la création d’une nouvelle plateforme collaborative de données sur le territoire d’Angers Loire Métropole.
Si il s’agit de ce rapport, il vous faut demander une copie au cabinet YTES ou la Caisse des Dépôts.

Il a été évoqué dans le contexte d’Open data Impact 1 (campagne de la Fing pour trouver des bonne idées pour que les démarches open data aient un impact) par l’un des participants. Je n’ai pas les détails. Il y a peut-être eu des confusions.
Pour faire la demande à Ytes ou à la Caisse des Dépôts as-tu des contacts à nous indiquer concernant le présent rapport svp ? Sais-tu de quand date ce travail ?
De mon côté, je fais un travail pour une revue et j’aborde dans une phrase qu’il est possible de faire des bilan à l’occasion de sa démarche open data, je cite celui de Loire Atlantique à titre d’exemple et comme on a le lien c’est mieux. J’aurai bien aimé ajouter quelques territoires en plus et dont la documentation est accessible en ligne. Connais-tu d’autres travaux de bilan open data s’il te plait ?

@Armelle Concernant le rapport du Cabinet Kingston, je vais questionner quelques personnes du territoire à ce propos. Après des premières interpellations ce matin, personne ne semble être au fait de ce rapport. J’attends toutefois d’autres réponses qui sauraient m’arriver d’ici la fin du mois.

Concernant le rapport du Cabinet Ytes, je t’invite à contacter le Cabinet en direct http://www.ytes.eu. A ce propos, j’ai été destinataire de ce rapport indirectement et je n’ai pas été interrogé par ce Cabinet dans le cadre de l’élaboration de ce rapport.

Concernant les bilans de l’opendata, à l’exception du CD44, je ne connais pas d’autres bilans officiels à ce propos en France. En ce qui concerne, un bilan à Angers Loire Métropole, j’en ai réalisé à titre interne dont les conclusions sont similaires en tout point ou presque à ce qui est énoncé plus haut :

Merci @antoine. Bonne journée.

L’approche monographique est très intéressante. Elle permettrait de révéler des usages peu visibles (peut-être en cours de massification ?) des données ouvertes, en particulier ceux qui s’accrochent aux pratiques pédagogiques des enseignants (y compris en journalisme), mais aussi à celles des quelques médiateurs chargés d’accompagner les chercheurs, en humanités numériques par exemple. Certains métiers, et donc les formations et autres dispositifs d’acquisition de compétences proposés aux apprenants qui s’y destinent, sont sans doute plus « naturellement » gourmands en culture des données ouvertes ? En déterminant lesquels, nous pourrions cibler l’approche monographique sur des « creusets d’impact ».

Un article récent pose la question des usages pédagogiques des données ouvertes : « Stratégies pédagogiques pour diffuser la culture des données ouvertes », Revue COSSI 2018.

Voir également le carnet de recherche des auteurs de cet article : Data-culture - Gouvernance et usages des données ouvertes pour l’éducation et la formation

Qui sont les enseignants et autres médiateurs qui, comme @BorisM, systématisent l’usage pédagogique des données ouvertes ? Voir, par exemple, le support de son atelier sur la visualisation de données (master géomatique).

Quels dispositifs événementiels relèvent également de stratégies pédagogiques pour diffuser la culture des données ouvertes ?

  • Datajournalismelab avec les étudiants de l’IJB
  • Concours dataviz avec des lycéens de la Région Rhône-Alpes
  • Concours dataviz avec les étudiants des écoles de STID France
  • HybLab embarquant des étudiants de l’enseignement supérieur
  • Challenge Data avec les étudiant de SciencesPo Saint-Germain
  • etc …
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Merci Loïc de mettre en avant ce sujet très intéressant et surtout assez peu abordé qui est celui de l’enseignement de l’open data. Au-delà de formation ou d’ateliers dispensés aux élus ou aux praticiens à mon avis l’une des clefs se trouve au niveau de la formation des futurs praticiens et décideurs. Compliqué de transformer les pratiques des praticiens actuels pour aller vers un vraie culture de la donnée, alors qu’avec les étudiants c’est plus simple de leur transmettre une série de messages, de compétences et surtout de bonnes pratiques :wink:

A mon avis le problème c’est que justement la question de la culture des données ouvertes est surtout abordée dans de plus en plus de formation (statistique, informatique, géomatique, sciences politiques,…) sur des séquences “évènementielles” et pas vraiment intégrées au sein des maquettes de formation. Du coup les messages ont du mal à rester et à se pérenniser.

Autre point, déjà abordé dans d’autres post, il faut voir que l’open data dans la recherche est très très en retard. L’ouverture des publications comme des contenus pédagogiques ne fait pas encore partie intégrante des pratiques quand à l’ouverture des données de la recherche même si de nouvelles règles contraignent les chercheurs à documenter et publier leurs datasets, la pratique reste très marginale à certaines communautés.

Bref en réponse à l’idée d’une monographie de l’open data dans l’enseignement et la recherche, malheureusement il y a certes des initiatives intéressantes de temps en temps sur des choses très spécifiques, mais il n’y a pas (encore) de mouvement de fond et surtout d’intérêt comme on peut le voir dans le datajournalisme ou les pratiques de publication des acteurs,publics.

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